
Le Bourget 2025 : vents porteurs pour l′aéronautique
Bien que freiné par de multiples défis, le secteur est porté par une forte demande, tant dans l′aéronautique commerciale que dans la défense.
Le 55 e Salon du Bourget, qui s'ouvre le 16 juin, se profile comme une formidable vitrine pour la filière aéronautique-défense, l'un des secteurs d'excellence de l'économie française. Deuxième acteur au monde de l'industrie après les États-Unis, la France y a dégagé un excédent commercial de 29 milliards d'euros l'an passé selon le Gifas, syndicat de la profession.
En 2024, son chiffre d'affaires a effacé le brutal trou d'air de la crise sanitaire, enregistrant une croissance de 10 %, à 77,7 milliards d'euros. Et la Bourse de Paris a la chance de compter quatre mastodontes dans l'aérospatiale.
Ce compartiment boursier affiche désormais une valorisation cumulée qui dépasse 300 milliards d'euros, distancé uniquement par le luxe, autre marché où les groupes hexagonaux fortement exportateurs disposent de positions fortes.
Après un parcours de haute volée ces quatre dernières années, les grandes valeurs naviguent aujourd'hui tout proches de leur sommet absolu. C'est moins le cas pour les petites et moyennes capitalisations, que Le Revenu a aussi passées au crible .
Montée en cadence du civil
Il est vrai que peu de secteurs sont dotés d'une aussi belle visibilité, alors que la demande de nouveaux avions reste forte, tant pour remplacer les appareils vieillissants des compagnies aériennes que pour garnir leurs flottes.
Les carnets de commandes combinés des grands avionneurs mondiaux s'élèvent à 17.000 unités, qui nécessiteraient quatorze ans pour les absorber au rythme actuel de livraison, comme le souligne le cabinet Oliver Wyman, qui estime que la capacité de production devrait doubler sur la décennie.
Les tensions multiples au niveau des fournisseurs qui touchent l'aéronautique commerciale depuis le Covid (matériaux, personnel, inflation...) s'améliorent toutefois progressivement.
La menace d'une guerre commerciale américano-européenne pourrait, elle, affecter des chaînes d'approvisionnement mondiales et interdépendantes. Mais les carnets de commandes bien remplis et diversifiés à l'international pourraient en atténuer l'impact selon l'agence Fitch.
Retour en force du militaire
Côté défense, la demande demeure soutenue, portée par une augmentation significative des budgets partout dans le monde, où les dépenses militaires volent chaque année de record en record. Pour Alixpartners, ce mouvement est favorisé par la conjonction de nombreux conflits régionaux, de la volonté d'une autonomie accrue de l'Europe vis-à-vis des États-Unis sur fond de guerre en Ukraine et de l'intensification des efforts de modernisation des armées de puissances telles la Chine ou la Russie.
Chez Oliver Wyman, on anticipe un doublement des budgets de défense en Europe d'ici cinq ans, nécessitant une multiplication par trois à cinq des investissements de capacité. Là encore, les contraintes de production risquent de se renforcer pour les acteurs européens, à condition de capter une plus grande part d'un marché jusqu'ici dominé par les géants américains.
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Airbus : peu freiné par les incertitudes
Catapulté leader mondial du secteur en 2021, depuis, le constructeur aéronautique tient son rang, alors que l'américain Boeing peine à sortir de la zone de turbulences. Grâce à son organisation décentralisée, avec des lignes d'assemblage en Europe, en Chine et aux États-Unis, Airbus semble mieux positionné que son concurrent historique pour faire face à la menace de droits de douane américains.
Cruciale pour lui permettre d'améliorer ses performances financières, la montée en cadence du géant européen paraît en bonne voie, notamment pour l'A320, appareil à la fois le plus vendu et le plus rentable de sa gamme.
Les difficultés persistantes de la chaîne de fournisseurs restent toutefois un défi, de même que le rachat d'au moins quatre sites à Spirit. L'intégration partielle de cet équipementier américain, prochainement acquis par Boeing et à l'origine de retards dans le passé, va, en effet, peser à court terme sur la rentabilité d' Airbus.
Un épais carnet de commandes
Malgré ces vents contraires, l'avionneur a l'avantage de disposer d'une visibilité rare pour un industriel à un horizon moyen terme, assise sur un carnet de commandes de 8.700 avions à livrer. Ce qui représente plus de dix ans de production au rythme prévu cette année.
Notre conseil
- Achetez. [ AIR ] Objectif : 195 euros.
- Profil : spéculatif.
Dassault Aviation : environnement porteur
Le constructeur aéronautique mise plus que jamais sur son modèle « dual » équilibré pour atténuer les éventuels aléas, la dynamique du militaire compensant actuellement le trou d'air dans le civil. Dassault Aviation continue d'engranger des commandes de Rafale à l'exportation (dernier contrat en date avec 26 avions de combat supplémentaires pour l'Inde), confortant une belle visibilité avec un carnet de commandes record de 43,2 milliards d'euros à fin 2024, soit sept ans de facturations.
Le domaine de l'aviation d'affaires tourne, lui, au ralenti, notamment aux États-Unis, premier marché au monde pour les bizjets. Amplifiés par les tensions persistantes sur la chaîne de fournisseurs, le lancement du nouveau Falcon 10X et les incertitudes - comme la perspective de tarifs douaniers - alimentent également l'attentisme des acheteurs.
Une valeur moins à la casse
Dans ce contexte contrasté, la valeur reste décotée en Bourse, mais à un degré moindre, compte tenu de son parcours récent explosif. La somme de la trésorerie nette de 8,2 milliards d'euros - constituée en majorité d'acomptes clients - et la valeur de la participation de 26 % dans Thales (soit 14,2 milliards) couvrent ainsi 90 % de la capitalisation du groupe familial.
Notre conseil
- Achetez. [ AM ] Objectif : 365 euros.
- Profil : dynamique.
Safran : modèle tournant à plein régime
Pour le troisième équipementier aéronautique mondial, 2025 se profile comme une quatrième année consécutive de croissance interne à deux chiffres de ses revenus, avec une rentabilité qui devrait aussi atteindre de nouveaux sommets.
Safran reste porté par sa division propulsion, elle-même tirée par les services de maintenance et les pièces de rechange pour moteurs civils. Dégageant une marge opérationnelle estimée à plus de 50 %, cette activité profite à plein de la dynamique du trafic aérien dans le monde.
Elle bénéficie par ailleurs de la délicate montée en cadence de réacteurs neufs (vendus à prix coûtant), freinée par les difficultés de Boeing - un des grands clients du français avec Airbus - et de certains fournisseurs. Ce qui incite les compagnies à faire voler davantage leurs avions existants, qui doivent davantage passer en atelier.
Notre précédent conseil
Safran : Une dynamique toujours soutenue
Une valorisation de haut vol
La valeur reste très recherchée pour sa visibilité, avec plus de 11.500 moteurs à livrer équivalant à sept ans de production au rythme actuel. Les investisseurs apprécient aussi la solidité du modèle économique du groupe, véritable machine à cash. Revers de la médaille, une valorisation exigeante, la plus élevée du secteur en Europe. Sûrement le prix de la qualité.
Notre conseil
- Achetez. [ SAF ]. Objectif : 305 euros.
- Profil : dynamique.
Thales : trajectoire très solide
Tous les feux, ou presque, sont au vert pour le groupe d'électronique civile et militaire, qui enchaîne les exercices record ces dernières années, aussi bien en matière de dynamique commerciale, de marge que de génération de trésorerie.
Dans la défense, qui représente la moitié de ses revenus, Thales entrevoit au moins une décennie de croissance. De quoi renforcer dans une optique de moyen terme la visibilité dont bénéficie l'électronicien, déjà doté d'un carnet de commandes de 35 milliards d'euros de contrats militaires, représentant 3,5 années de chiffre d'affaires dans ce domaine. Récemment renforcées par acquisitions, les divisions aéronautique et cybersécurité se portent aussi très bien.
Seule ombre au tableau, l'activité spatiale souffre de la chute du marché des satellites télécoms et fait l'objet d'une vaste restructuration. Mais un rapprochement est à l'étude avec son partenaire italien Leonardo et Airbus.
Un parcours effréné
Les investisseurs plébiscitent Thales à la fois pour ses performances financières de haut vol et pour son exposition au secteur en plein boom de la défense. Le parcours récent du titre, qui a quasiment doublé depuis le début de l'année et plus que doublé en l'espace de trois ans, en atteste.
Notre conseil
- Achetez. [ HO ]. Objectif : 295 euros.
- Profil : dynamique.
Nos recommandations sur quatorze petites et moyennes sociétés actives dans l'aéronautique-défense
- Cybergun [ ALCYB ]. Vendez. Une penny stock plombée par de lourdes pertes et de nombreux financements dilutifs dans le passé.
- Egide [ ALGID ]. Conservez. Le fabricant de boîtiers de protection électronique est peu dynamique mais réduit ses pertes.
- Exail Technologies [ EXA ]. Conservez. Euphorie sur le spécialiste de la robotique autonome, qui multiplie les commandes militaires.
- Exosens [ EXENS ]. Conservez. Le fabricant de systèmes de détection et d'imagerie est très recherché pour son exposition à la défense.
- Figeac Aero [ FGA ]. Achetez. Le redressement des comptes du sous-traitant va se poursuivre. Possible rachat à moyen terme.
- Latécoère [ LAT ]. Vendez. Déficitaire depuis 2019, l'équipementier - contrôlé par un fonds américain - reste très endetté.
- Lisi [ FII ]. Achetez. La division aéronautique reste le moteur de croissance profitable du fabricant de fixations.
- Logic Instrument [ ALLOG ]. Achetez. Peu valorisé, le concepteur de solutions mobiles durcies est très dynamique dans la défense.
- Memscap [ MEMS ]. Vendez. Les performances du concepteur de capteurs de pression, destinés notamment à l'avionique, ont déçu.
- NSE [ ALNSE ]. Conservez. Forte demande dans la défense pour l'équipementier électronique. Récent élargissement du capital.
- Odyssée Technologies [ ALODY ]. Conservez. Déjà un excellent parcours pour ce spécialiste des pièces mécaniques, qui tient ses promesses.
- Parrot [ PARRO ]. Conservez. Le fabricant de drones bénéficie de sa réorientation vers le militaire, en particulier en Ukraine.
- Soditech [ SEC ]. Conservez. En 2024, l'ingénieriste a été en croissance mais est resté déficitaire. Titre peu liquide.
- Sogeclair [ ALSOG ]. Achetez. La croissance profitable de l'équipementier et ingénieriste est appelée à se poursuivre à l'avenir.
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